06/08/2012

sport et écriture


J’aurais aimé dire quelque chose de plus sur les liens que j’entrevois entre sport et écriture, mais avec quels mots pourrais-je rendre ma pensée ? Hier, à une émission de télé sur les jeux olympiques, j’ai entendu une sportive de triathlon s’excuser devant le public canadien d’avoir raté une épreuve dans la compétition. Au bord des larmes, elle s'expliquait : pendant quatre ans, j’ai travaillé, je me suis entraînée ; aujourd’hui, je n’ai pas pu, mon corps ne m’a pas suivie… Sa frustration était évidente, mais je me suis dit qu’il y avait aussi autre chose : cette fille tentait de dire qu’une compétition est plus grande qu'on ne le croit, qu'il y a de l'imprévu, du hasard, de l'autre... Avoir travaillé longtemps et très dur ne suffit pas pour gagner, tant que le hasard est susceptible de s’y mêler et déjouer les plans. Ce hasard, qui fait souvent les choses, s'appelle aussi chance ou malchance ; il est connu pour déborder les limites du prévisible. Disons que pleurer de joie quand on a gagné une médaille ou de tristesse quand on a perdu, c'est entre autres l'oeuvre du hasard. 

En pensée, j’avais une certaine sympathie pour cette fille. Elle me rappelait que le sport et l’écriture ont quelque chose en commun : cet imprévu, le hasard qui nous pousse ailleurs pour le bien et le pire, qui déstabilise et fait pousser des ailes. J'imagine que c'est vrai : qui a l'habitude d’écrire et n’est pas écrivain sait peut-être qu’une page bien faite donne l’impression presque palpable d’une satisfaction ; c’est de la joie ; petit ou grand accomplissement. C'est là, écrit, et c'est bon. Simplement. Autrefois, c’est frustrant : on essaie, on se tord pour exprimer une pensée et les mots se dérobent. Reste qu’une sensation d’intensité surgit dans le sport et dans l’écriture ; vivacité ou trouble du corps et de l’esprit.

Je relis Ritournelle de la faim de Le Clézio, et me dis encore une fois que c’est un des meilleurs romans de l’auteur. Pourtant, je ne savoure pas le texte entièrement, me sens assez tendue parce que je sais que je fais cette lecture pour essayer d’écrire un article... Je veux dire un article critique. « Penser le féminin » à travers ce roman, c'est le sujet. Trop vaste, pas évident, et c'est vrai, depuis quelques jours, j’y pense sans succès. Impossible de repérer un fil suffisamment clair et intéressant à suivre. Là je me dis à nouveau que c’est comme dans le sport : il faut continuer à s’entraîner ; chercher, tâtonner. Après tout, le  grain d’insatisfaction, de non-trouvaille motive. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire