16/05/2011

revue égoïste

Les pluies de mai sont là. La lumière est bleuâtre, poreuse d’un bleu impur, elle se débat dans un voile continu de gouttes qui tombent. Je marche sous le parapluie, bottes jaunes en caoutchouc, je presse les pas le long des trottoirs déserts. L’après-midi toujours, la pluie se calme. Et puis, oui, aussitôt le vent de la nuit, voici, elle recommence, oui, aussitôt la nuit, elle se déchaîne encore et encore.

Je suis dans le salon noir. Vous êtes là, à mille kilomètres. Nous regardons dehors. Moi, sur l’écran de l’ordinateur, vous sur la plage. Les deux images ne se rapprochent pas, elles ne se parlent pas.

Par e-mail, j’apprends que Le Clézio vient de publier un article sur la solitude dans le dernier numéro de « la revue de luxe Égoïste », qui revient sur le marché après cinq ans d’absence. Il suffit de taper le nom de la revue sur google, vous le saurez : « La plus élitiste des revues est de retour en kiosque après cinq ans d’absence. Rencontre avec sa créatrice, et cliché exclusif », titre un article de L’Express le 10 mai. Parmi les nouvelles signatures de Nicole Wisniak, sa fondatrice, Le Clézio, Marc Fumaroli, Charles Dantzig, Fabrice Roger-Lacan, plus des photographes raffinés et des publicités qui font rêver.

A côté de ce glamour élitiste, les nouvelles sur DSK qui font le tour du monde, m’apparaissent encore plus tristes. En haut des maisons, la lumière commence à décliner. On attend l’heure, vingt heures, et que la nuit se pose.
  

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