15/09/2011

15 septembre

Sur les lieux de son écriture, Marguerite Duras dit : « J’ai toujours été au bord de la mer dans mes livres. J’ai eu affaire à la mer très jeune dans ma vie, quand ma mère a acheté le barrage, la terre du Barrage contre le Pacifique et que la mer a tout envahi, et qu’on a été ruinés. La mer me fait très peur, c’est la chose au monde dont j’ai le plus peur… Mes cauchemars, mes rêves d’épouvante ont toujours trait à la marée, à l’envahissement par l’eau ».

Moi, les différents lieux qui me font peur sont tous liés à la hauteur, je suis toujours au pied d’une montagne, et très longtemps, j’ai vu des villes perchées entre collines, comme ça, protégées de la hauteur, un peu comme si je ne devais pas encore m’affronter à cette crainte. Et c’est après coup que j’ai compris que c’étaient des lieux protecteurs, non seulement parce qu’ils m’accueillaient, me faisaient une place dans leurs plis, mais ils relevaient d’un espace ondulé de colline de mon enfance ; cet espace avec des rues étroites et pierreuses, d’où le ciel me paraissait une fenêtre illimitée…

À Winnipeg, le ciel est complètement présent, illimité. Et regarder le ciel, c’est regarder le tout, un tout. Cet horizon éloigné m’apporte quelque chose de la peur ancienne de la hauteur. Je marche sans intérêt, indifférente. Et quand je pense à d'autres villes perchées, elles sont là, elles sont encore là ; je les porte dans cette marche incessante. Je sens d’ailleurs que rien de ce que j’ai à l’intérieur ne se perd.

coucher de soleil sur Winnipeg




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