09/07/2012

aracachon


Il faut voir Arcachon pour se rappeler que la vieillesse existe et qu’elle est synonyme de bien-être. Au bord de la mer, des couples d’âge assez avancé se promènent bras dessus bras dessous en amoureux, ils se sourient, discutent, s’arrêtent sur un banc ; bref, ils semblent heureux. En les observant, vous vous dites que dans la trentaine, le bonheur devrait être facile ; pourtant, il ne court pas toujours les rues.

Il m’a fallu être à Arcachon pour lire enfin Putain (2001) de Nelly Arcan dont j’avais entendu parler depuis longtemps, et cela, après avoir fini le dernier livre de Nancy Huston, Reflets dans un œil d’homme, où l’écrivaine parle de féminité et de fécondité en nous rappelant des femmes belles et brisées comme Marylin Monroe, Nelly Arcan, Jean Seberg ou encore Anaïs Nin, qui ont consacré leur existence à des recherches complexes et compliquées… quête de l’amour, de la beauté, d'une carrière ; voyages, aventures, rencontres. Il m’a fallu aussi être dans un état moins gai pour terminer Putain, car le récit vous coupe souvent le souffle par ses témoignages crus ; il prend la forme d’une longue litanie où la prostituée patiente entre deux clients, se dédouble, s'interroge et raconte son quotidien comme si elle tentait de l'exorciser, de le pousser un peu plus loin pour se maintenir en vie. 

J’entends encore la voix de Nelly Arcan remplie de rage, puis apaisée, puis encore enragée. De temps à autre, me reviennent des phrases De l’identité à l’existence de Daniel Sibony. Elles m’apparaissent alors comme un filet de secours ; des mots à entendre pour se convaincre que la vie est malgré tout bienveillante, que tout n’est pas barré et le possible reste possible. Pour Nelly Arcan, ce ne fut pas le cas, elle s’est donné la mort en septembre 2009 à Montréal. J'avoue que son livre a balayé pour moi une couche assez épaisse d’innocence.

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