27/11/2011

le jeu

Depuis mon bureau face à la fenêtre, je regardais le ciel avec envie. Il faisait un soleil resplendissant, les couleurs étaient vives après le vent de la nuit, l’air était frais, pas froid, le temps était à aller tout le long de Wellington Crescent jusqu’au parc Assiniboine, tout en regardant les maisons décorées pour Hanouka ou pour Noël. Je savais que je n’allais pas sortir pour faire cette promenade, pas aujourd’hui, j’ai décidé de rester là, assise, de continuer...

Je disais que la pièce Cyrano de Frank Langella, une adaptation en anglais du Cyrano d’Edmond Rostand, m’avait plu, et je le disais pendant que je pensais que les jeunes acteurs, étudiants de l’université de Winnipeg, étaient pas mal talentueux. Les onze filles qui ont joué le rôle de Cyrano, avec le masque au gros nez sur le visage, m’ont semblé drôles et attachantes. Elles mettaient tellement de passion dans le jeu que j’ai compris qu’au moins une d’entre elles, Roxanne, gracieuse comme une ballerine, aurait un avenir intéressant ; et la chanteuse, Heather Thomas, saurait-elle faire quelque chose de sa chanson "All I Have is My Heart". 

C’est ainsi que j’ai su que du moment que j’ai vécu une sensation de joie à cause de la pièce, je devrais revenir au théâtre plus souvent. Non pas que le théâtre pouvait me rendre Winnipeg plus chaleureuse, car cela n’était pas probant d’un attachement possible, mais qu’une pièce avait la force magique de me restituer des souvenirs ; une certaine joie. Et que c’était important. Je restai dans cet état toute la soirée et par une étrange contagion, mon existence était, à mes yeux, atteinte de la même éternité que Cyrano de Bergerac, la pièce du XVIIe siècle, que j’avais lue une fois en français, et qui arrivait à me toucher, dite en anglais… à Winnipeg. Je m’étonnais et je souriais de mon étonnement, les jeunes actrices étaient des enfants, et moi j’étais pareille à un croyant devant les incroyants, ou quelqu’un qui croit à la vie éternelle devant des enfants qui sont oublieux de tout, sauf de leurs jeux. 

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